
Le mois saint a pris fin hier. Au Proche-Orient, la situation n’a pas avancé d’un pouce. Des semaines avant le début de Ramadan, les hauts responsables—Washington en premier, suivi de l’Egypte et du Qatar—ont tenu un sommet pour proposer une trêve à cette occasion; l’opinion internationale attendait un arrêt permanent; les souffrances du peuple gazaoui ont ému tous les pays; les manifestations se sont multipliées demandant l’arrêt des massacres; le mal a trop duré.
Un seul homme a « snobé » les réunions, ignoré les propositions et méprisé les négociations, c’est Netanyahou qui a en cette période un seul but : entrer avec ses chars à Rafah, malgré les menaces des Etats-Unis. Après le nord, il avait planifié et décidé de bombarder la ville du sud.
Lundi dernier, des milliers d’habitants qui avaient trouvé refuge aux confins de l’étroite bande de Gaza sont revenus chez eux à Khan Younès, ils ont découvert un paysage épouvantable laissé par des mois de massacres ; les rues défigurées, des façades éventrées, de la poussière ; à la lumière des images transmises et des reportages, la ville s’est transformée en désert. Il y a comme une atmosphère de fin du monde. Citons au passage le nouveau bilan qui monte à 33 207 morts et 75 933 blessés depuis le début de l’invasion. En 24 heures, 32 morts supplémentaires ont été recensés. L’hôpital al-Shifa, le plus grand de Gaza et le mieux équipé, n’est plus qu’un tas de ruines, avec des cadavres ensevelis.
Ramadan a donc pris fin, la première tentative de trêve a échoué, les mêmes pays médiateurs reprennent le chemin des négociations, cette fois-ci en Egypte. Ils affirment avoir mis sur la table une proposition en trois étapes dont la première prévoit une trêve de six semaines. Une proposition qui est à l’étude par le Hamas, malgré l’intransigeance d’Israël. Fatalement, la situation a changé, le nord est un désert, Rafah ne l’est pas moins. De Washington, le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller, a fait savoir à Israël que les Etats-Unis pensent qu’une invasion militaire massive de Rafah aurait un effet extrêmement néfaste. De leur côté, les présidents français Macron, égyptien Al-Sissi et le roi de Jordanie Abdallah II ont appelé à un cessez-le-feu «immédiat» et une libération de «tous les otages» à Gaza et mis en garde Israël contre les «conséquences dangereuses» d’une offensive à Rafah.
Pendant ce temps à Al Qods, à Tel-Aviv, des manifestations immenses réclament la démission du chef du gouvernement. Netanyahou, qui est critiqué, bousculé à l’international, houspillé, malmené en interne, n’en a cure: pas de trêve, pas de répit. Il campe sur ses positions, alors qu’en fait, il n’en a qu’une seule : tuer, massacrer des Palestiniens là où ils se trouvent. Et il réitère ses revendications d’exterminer le Hamas et déclare, sans gêne ni remords, qu’une date a été fixée pour une offensive sur la ville de Rafah, qui, selon lui, est l’un des derniers bastions du Hamas dans la bande de Gaza. Tout porte à croire qu’il vit en dehors de ce monde, sur une planète où le mal et la souffrance sont le moteur de la vie. Une honte !